L’European Data Protection Board (EDPB) s’oppose à la politique du “payez ou partagez vos données”

Dans un récent communiqué, l’European Data Protection Board (EDPB) a exprimé son opposition ferme à la pratique croissante des plateformes en ligne, telles que Facebook, qui présentent aux utilisateurs un choix binaire : soit partager leurs données personnelles pour recevoir des publicités ciblées, soit payer un abonnement pour accéder au service sans partage de données.

Cette approche, selon l’EDPB, pose un problème fondamental en termes de protection des données et de respect des droits des utilisateurs. En effet, forcer les utilisateurs à choisir entre ces deux options crée ce que l’EDPB qualifie de “consentement sous menace de préjudice”. Les utilisateurs se retrouvent dans une situation où ils doivent consentir au partage de leurs données personnelles sous peine de se voir exclure socialement des plateformes en ligne les plus utilisées.

L’EDPB souligne également le déséquilibre de pouvoir entre les plateformes et les utilisateurs. En imposant un choix aussi restrictif, les plateformes limitent la capacité des utilisateurs à exercer leur droit à la vie privée et à la protection de leurs données.

Selon la jurisprudence en matière de protection des données, il est admis qu’une alternative “payante si nécessaire” peut être envisagée au partage des données. Cependant, cette alternative soulève plusieurs questions importantes. Tout d’abord, quelle est la contrepartie réelle de cet abonnement imposé lorsque le service fourni reste le même, sans ajout de fonctionnalités supplémentaires ? De plus, l’absence de nuances dans le refus des utilisateurs pose problème. Ils sont contraints de choisir entre partager toutes leurs données ou ne pas partager du tout, sans possibilité de sélectionner les données spécifiques qu’ils souhaitent protéger.

Une autre préoccupation soulevée par l’EDPB concerne le sort des données des utilisateurs qui décident de souscrire à un abonnement payant après avoir initialement utilisé le service de manière gratuite. Que deviennent ces données ? Ont-elles toujours droit d’accès à leurs propres données ? Ces questions cruciales restent pour l’instant sans réponse.

Face à ces préoccupations croissantes, l’EDPB indique qu’elle travaillera à l’élaboration de lignes directrices claires pour réglementer cette pratique et garantir le respect des droits des utilisateurs en matière de protection des données afin de trouver des solutions qui préservent à la fois la vie privée des utilisateurs et la viabilité économique des plateformes en ligne.